En effet, l’aéronef à hélice sustentatrice est né des mains et dans la tête de cet ingénieux bricoleur qui avait inventé la bicyclette à moteur et la voiturette.
Il est le premier à avoir décollé à bord d’un hélicoptère de sa fabrication à Coquainvilliers, dans les environs de Lisieux, le 13 novembre 1907. L’après-midi, ce jour là, à la seconde mise en marche, l’appareil se soulève avec son sac de 55 kg (figurant le pilote). Paul Cornu essaie de le maintenir mais il se trouve enlevé.
Son frère, Jacques, resté accroché au bâti de l’engin, est presque enlevé, lui aussi. Il s’en faut de peu pour que l’appareil leur échappe. Paul Cornu saute alors à plat ventre sur l’une des poignées et, se cramponnant d’une main au châssis, il parvient de l’autre à diminuer l’avance à l’allumage.
L’appareil retouche le sol sans aucun dégât. Ce ne fut pas une odyssée au firmament, juste quelques secondes de lévitation à 1,50 m de haut. Ce fut néanmoins un vol historique, un saut de puce et de géant à la fois. Pour la première fois, une machine s’est affranchie du sol sans élan avec un homme à bord. Il y avait du rêve d’Icare dans la trouvaille de Paul Cornu, alors âgé de 26 ans.
Cette date du 13 novembre 1907 est citée dans toutes les histoires de l’aviation, comme étant celle du premier vol libre d’un hélicoptère avec son pilote.
En réalité, le premier vol vraiment contrôlé aura lieu, d’après le journal des essais, quelques jours plus tard (l’appareil est alors retenu par des cordes : ce n’est donc pas un « vol » libre). Mais on comprend que, après les émotions du 13 novembre, les autres expériences aient fait figure de « vols de routine ».
Pour les essais, l’installation était simple : un plancher dans un herbage sur lequel était posé l’engin.
L’hélicoptère Paul Cornu était muni d’une selle, de quatre roues de vélo et de deux hélices sustentatrices de six mètres de diamètre en guise de rotor. Son moteur était un Antoinette de 24 ch.
C’est une immense courroie de 22 mètres qui actionne les deux hélices. À chaque extrémité de l’appareil, un plan inclinable reçoit l’air refoulé par l’hélice et assure la propulsion horizontale. Le poids de l’appareil atteignait 330 kg (avec le pilote).
Quelques mois avant Paul Cornu, deux autres Français, Louis Breguet et Maurice Léger, avaient réussi des expériences comparables mais la mémoire collective a retenu celle du Normand. Peut-être à cause du côté autodidacte du personnage et parce que toute une ville était derrière son projet. Mais à vrai dire, parler de vol à propos de cet exploit parait très exagéré à Paul Cornu lui-même.
D’après L’Histoire de l’hélicoptère » de Jean Boulet (France Empire 1991), il y aurait eu simplement un « effet de sol ».
Par la suite, Paul Cornu continue de travailler dans l’atelier familial et poursuit ses expériences, notamment sur les hélices et brevète un système permettant la variation cyclique d’incidence des pales. Après la Première Guerre mondiale, il se découvre une nouvelle passion : la construction de postes de radio.
Caractéristiques Techniques
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Type |
Hélicoptère expérimental |
Moteur |
1 moteur à pétrole de 2 chevauxentrainait 2 hélices de 2 m 25.
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Armement |
aucun
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Vitesse maximale |
20 km/h |
Plafond pratique |
3 m |
Autonomie |
- |
Poids |
13,750 kg à vide |
Rotor |
2 de 2,25 m chacun |
Longueur |
- |
Hauteur
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- |
Surface alaire
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m2 |
Equipage
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2 |